Difficile d’imaginer les fêtes sans lui ! Il en est devenu la marque, et sa consommation extrême est bien le signe de l’abandon heureux auquel on cède dans ces jours de joie. Sa douceur et sa chaleur nous sont d’autant plus chères qu’elles nous bercent et nous caressent à un moment où il fait froid dehors et que les vœux de « Blanc Noel » et « vent d’hiver » se voient souvent remplis, et au-delà.
Oui, le chocolat est devenu un « must » des fêtes de fin d’année. Son abondance et abordabilité de prix est aujourd’hui une évidence et ils paraissent bien loin les temps où il était un produit de luxe, accessible uniquement à quelques-uns.
Ils sont bien loin ces temps, mais… ne risquent-ils pas de revenir ?
La question paraît absurde et dans un certain degré, elle l’est. Pourtant, à bien interpréter les signes qu’émet la Bourse ces derniers temps, les choses ne semblent pas acquises d’avance, ni pour toujours. Le marché du cacao, matière première du chocolat, est devenu instable, sujet à des fluctuations et revirements divers. En seulement deux ans, la poudre brune s’est vu d’abord atteindre des sommets, puis chuter.
Un marché instable et fluctuant
En 2014, en effet, le prix de la denrée poudreuse a commencé à s’envoler suite à une demande asiatique en hausse et une offre africaine en baisse, les cultivateurs traditionnels se détournant du cacao au profit des plus rentables caoutchouc et huile de palme.
En 2016-2017 pourtant, de nouveaux « vieux » facteurs sont entrés en ligne pour totalement changer la donne.
Des décennies durant connu pour son apport en graisses et pourtant mangé sans préjugés, le chocolat s’est vu trahir par ses fans les plus fidèles – les Européens et les Américains. La raison ? – le vieux souci – maintenant accru – de fuir les kilogrammes en trop. Résultat : l’achat du chocolat s’est réduite de 3 % en Europe et de 2% en Amérique. En Bourse, deux ans à peine après le pic, ce fut la chute, avec une baisse du prix du cacao de 40% en un seul an !
Le marché du chocolat et du cacao s’avère fragile et fluctuant. Une seule chose reste stable – le prix définitivement augmenté et une tendance potentiellement à la hausse. Ayant une fois grimpésuite à l’envol du cacao en 2015, le prix du chocolat n’a plus bougé depuis. La raison des producteurs pour expliquer leur refus de suivre la baisse du prix du cacao en 2017 est bien le fait qu’il n’est pas la seule composante du chocolat. Il y aurait aussi le lait et ce sucre incontournable dont le prix a explosé ces derniers deux ans.
Des mesures pour endiguer la tendance à la hausse
Et qu’en est-il de la Suisse, pays de chocolats mythiques, haut lieu du délice sucré le plus aimé au monde ? Là aussi, les changements se sont fait sentir, avec une hausse sensible, dès 2014, des prix, suivie d’une stagnation qui certainement n’augure rien de bon.
En 2015, la Suisse a adopté la décision de l’OMC au sujet du chocolat et son exportation subventionnée (système connu sous le nom de « loi chocolatière »). Depuis, l’aide de la Confédération se fait de plus en plus discrète.
Elle n’est pourtant point inexistante et participe de l’aide financière globale que l’Etat octroie à l’agroalimentaire. Et bien que là aussi restrictions et ajustements soient en vigueur, la Suisse subventionne, à la hauteur de 95 millions de francs par an, 80 sociétés actives dans le secteur. Directement ou non, l’industrie du chocolat en profite et réussit à maintenir ses prix à des niveaux encore très raisonnables.
D’autres mesures sont prises aussi pour endiguer la hausse. Par le biais de Cocoa Action, initiative lancée par la World Cocoa Foundation, douze groupes actifs dans le secteur – dont les suisses Nestlé et Barry Callebaut – se sont engagés à œuvrer pour stimuler la production du cacao. Il s’agirait pour eux d’inciter les fermiers d’Afrique de l’Ouest à doubler leur rendement d’ici trois ans. C’est ainsi seulement qu’on répondra à l’explosive demande asiatique, le puissant générateur de risque de hausse du prix du chocolat.